Mai
Joyeux mois de mai
Mai
Je ne laisserai pas se faner les pervenches
Sans aller écouter ce qu'on dit sous les branches
Et sans guetter, parmi les rameaux infinis,
La conversation des feuilles et des nids.
Il n'est qu'un dieu, l'amour ; avril est son prophète.
Je me supposerai convive de la fête
Que le pinson chanteur donne au pluvier doré ;
Je fuirai de la ville, et je m'envolerai
- Car l'âme du poète est une vagabonde -
Dans les ravins où mai plein de roses abonde.
Là, les papillons blancs et les papillons bleus,
Ainsi que le divin se mêle au fabuleux,
Vont et viennent, croisant leurs essors gais et lestes,
Si bien qu'on les prendrait pour des lueurs célestes.
Là, jasent les oiseaux, se cherchant, s'évitant ;
Là, Margot vient quand c'est Glycère qu'on attend ;
L'idéal démasqué montre ses pieds d'argile ;
On trouve Rabelais où l'on cherchait Virgile.
Ô jeunesse ! ô seins nus des femmes dans les bois !
Oh ! quelle vaste idylle et que de sombres voix !
Comme tout le hallier, plein d'invisibles mondes,
Rit dans le clair-obscur des églogues profondes !
J'aime la vision de ces réalités ;
La vie aux yeux sereins luit de tous les côtés ;
La chanson des forêts est d'une douceur telle
Que, si Phébus l'entend quand, rêveur, il dételle
Ses chevaux las souvent au point de haleter,
Il s'arrête, et fait signe aux Muses d'écouter.
Sans aller écouter ce qu'on dit sous les branches
Et sans guetter, parmi les rameaux infinis,
La conversation des feuilles et des nids.
Il n'est qu'un dieu, l'amour ; avril est son prophète.
Je me supposerai convive de la fête
Que le pinson chanteur donne au pluvier doré ;
Je fuirai de la ville, et je m'envolerai
- Car l'âme du poète est une vagabonde -
Dans les ravins où mai plein de roses abonde.
Là, les papillons blancs et les papillons bleus,
Ainsi que le divin se mêle au fabuleux,
Vont et viennent, croisant leurs essors gais et lestes,
Si bien qu'on les prendrait pour des lueurs célestes.
Là, jasent les oiseaux, se cherchant, s'évitant ;
Là, Margot vient quand c'est Glycère qu'on attend ;
L'idéal démasqué montre ses pieds d'argile ;
On trouve Rabelais où l'on cherchait Virgile.
Ô jeunesse ! ô seins nus des femmes dans les bois !
Oh ! quelle vaste idylle et que de sombres voix !
Comme tout le hallier, plein d'invisibles mondes,
Rit dans le clair-obscur des églogues profondes !
J'aime la vision de ces réalités ;
La vie aux yeux sereins luit de tous les côtés ;
La chanson des forêts est d'une douceur telle
Que, si Phébus l'entend quand, rêveur, il dételle
Ses chevaux las souvent au point de haleter,
Il s'arrête, et fait signe aux Muses d'écouter.
Victor Hugo
Tiens les pinsons... en voit-on toujours. Joyeux Premier Mai Daniel!
RépondreSupprimerJoyeux premier mai !
RépondreSupprimerVictor produit des vers comme le printemps produit des fleurs. Je me demande s'il était bavard dans la vraie vie. En ce moment on ne sait où donner du regard. Après sept jours d'absence nous avons trouvé le jardin bien changé, notamment il y a des boutons de fleurs sur une bouture que j'ai faite à l'automne 2017.
(Que font donc ces orchidées dans ton bois de muguet ?)
Une bouture de rosier gallique...
RépondreSupprimerTon arbre bavard ou non me semble être un manguier. Lorsque nous étions en barque dans le marais de Kaw en Guyane notre accompagnateur nous a expliqué que quand on voit dans la jungle un manguier et des bambous cela voulait dire qu'autrefois une habitation se dressait là. Les manguiers donc parfois parlent.
J'entends à l'instant le chant de la forêt, personnifié par une petite mésange au sommet d'un sapin. Et dire que nous sommes déjà au mois de Mai alors que je n'ai pas vu passer Avril. Bises alpines.
RépondreSupprimer"Il n'est qu'un dieu, l'amour ; avril est son prophète. "
RépondreSupprimerJoli! très joli !!!
Mais le titre du poème n'est-il pas "Mai"?
Mais Avril prophétise peut-être la venue de Mai ?
J'y suis :
"Dans les ravins où mai plein de roses abonde. "
Sauf le respect dû à Victor Hugo, les deux derniers mots de son alexandrin manquent d'euphonie ...
Merci de l'interé que j'eveille...
SupprimerVoici mes sources:
https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/victor_hugo/mai